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GUERTING notre village

L'article du journal l'indépendant de la Moselle en date du 19 mai 1849

Dimanche dernier, jour des élections (Assemblée Législative), le village de Ham-sous-Varsberg présentait un spectacle qui reposait l'esprit des émotions de la politique en rappelant les plus beaux temps de la foi chrétienne.
Cette commune venait de perdre son pasteur vénéré, et la famille du curé malgré les protestations de tous les habitants de la paroisse avait fait transporter son corps dans son lieu natal de Guerting. "La patrie d'un prêtre, disaient en vain ces braves gens, est le lieu où il a fait du bien plus que celui où il a pris naissance. Des enfants ont plus le droit que des frères de posséder ses restes; or, les enfants d'un prêtre sont ceux qu'il a engendrés à la foi, etc"
Mais toutes ces nobles raisons n'avaient pu vaincre l'obstination de cette famille et l'enlèvement du cercueil fut consommé au milieu d'un murmure de mécontentement dont la prière contint l'explosion. Mais quand ces enfants se trouvèrent orphelins leur douleur s'accrut avec le remord de s'être laissé enlever leur père. Les femmes accusaient les hommes de n'avoir pas de coeur; les hommes se rejetaient sur la faiblesse du maire et le maire sur la loi qui ne lui permettait pas de s'opposer à la volonté de la famille. 
Or, quand maire et citoyens furent partis pour l'élection, quelques femmes s'emparent des cloches et les font carilloner. Toutes les autres se rassemblent aussitôt, l'église est ouverte, et après une vive prière, tout le village se vide, et les femmes, enfants, vieillards, tous revêtus de deuil, se dirigent processionnellement, croix en tête et banières déployées, vers l'autre village pour lui reprendre leur mort. Les maris et les frères de ces femmes les rencontrent au retour des élections et se rangent à leur suite, malgré les instances de leur maire qui craignait plus que jamais de voir la légalité compromise. Arrivés au cimetière, l'autre maire se présente et forme opposition à leur projet, mais sans réussir à en suspendre l'éxécution. Il revient quelque temps après, décoré de son écharpe, rédiger procès-verbal; mais ces braves gens, puisant dans leur affection un droit plus fort que celui de la loi, ne se laissent point intimider, et répondent qu'ils sont 900 à payer l'amende, pourvu qu'ils possèdent leur mort.
Quelques uns des électeurs qui avaient sans doute reçu au chef-lieu de l'élection quelques leçons de droit constitutionnel déclarent que le peuple des campagnes est souverain comme celui de Paris, et qu'ils réclament, au nom de cette souveraineté que leur reconnait la constitution, leur curé que la loi ne saurait refuser.

Le maire, convaincu par l'argument ou conseillé par la prudence, se retira avec son écharpe, et le cercueil fut bientôt arraché à la terre, et emporté au milieu des chants religieux mêlés de joie et de larmes. La voiture préparée pour son transport s'en retourna vide, c'était à qui aurait l'honneur de le porter sur ses épaules. Déposé à l'église de Ham, il fut veillé la nuit par toute la jeunesse dans le plus pieux recueillement.

Mais cette sainte joie fut un instant troublée le lendemain par la présence de gendarmes qui arrivèrent pour venger l'écharpe du maire. Quand ils recherchèrent les coupables, à l'opposé de ce qui se passe ordinairement, tout le village se présenta les femmes  en première ligne pour répondre à l'appel. "C'est moi qui ai donné le 1er coup de cloche , disait l'une; c'est moi qui l'ai déterré; moi, moi, qui l'ai porté".Les pauvres gendarmes étaient inondés de coupables, abasourdis par leurs aveux. Ils comprirent bientôt qu'une si noble conduite effaçait les petites illégalités, et finirent par assister à l'enterrement du curé, au milieu de ses paroissiens, dont ils partagèrent la pieuse émotion, et furent les premiers à jeter l'eau bénite dans la fosse.
Le maire renonça de grand coeur à laver les 3 couleurs de son écharpe et retira sa plainte. La famille exprima ses regrets d'avoir méconnu un attachement si vrai et si honorable pour elle. Tous se retirèrent satisfaits et ce ne fut pas sans doute le mort qui le fut le moins, si Dieu lui a permis de voir les hommes rendus à son humilité, qui fut la vertu de toute sa vie

   

 

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